Le Blog des Fondateurs

Le Sénat pour le non-cumul… des autres.


02-BRUMAIRE

Ce serait comique si décidément notre République ne paraissait pas si mal en point.

Les hommes politiques donnent l’impression de n’avoir à l’esprit que les avantages à tirer de leur mandat et, c’est le plus marquant, sans craindre de se discréditer aveuglément.

 

Donc le Sénat se prononce en principe pour le non cumul des mandats. Il faut saluer cette orientation politique du Président Hollande vers plus de transparence.

 

Mais le Sénat s’exclut des dispositions de ce projet de loi.

Les mots manquent : inconscient, grotesque, inepte, ridicule, dangereux…

Le Sénat est l’héritier du Conseil des Anciens du Directoire, déjà plus conservateur à l’époque que le Conseil des Cinq-Cents. Depuis plus de deux siècles, cette assemblée à constamment freiné la marche du progrès, de l’impôt sur le revenu au droit de vote des femmes par exemple.

Sous la Vème République, un mode de scrutin injuste permet aux conservateurs d’en conserver le contrôle… jusqu’au basculement de l’automne 2011.

La majorité du Sénat passe à gauche. Du jamais vu.

 

Las ! Pitoyable spectacle et hypocrite justification : le Sénat représentant les collectivités locales, il importe que les sénateurs disposent d’un mandat local pour être plus efficaces et clairvoyants dans la défense de ces collectivités.

Si l’on suit ce raisonnement, les dizaines de milliers de collectivités locales dont les élus ne sont pas sénateurs auraient matière à se plaindre. Surtout, ce faisant, le Sénat méprise le principe d’égalité. Il s’arroge un droit de cumul interdit aux autres.

 

Même mépris en matière de retraites.

Un ancien ministre, Laurent WAUQUIEZ, part d’un constat lucide : « Si les politiques ne s’appliquent pas à eux-mêmes ce qu’ils demandent aux français, ils n’ont aucune chance d’avoir la moindre crédibilité ». Traité par la meute de démagogue ou d’ignorant, il se montre plus discret désormais. Et de fait, le régime dérogatoire de retraites des parlementaires, députés et sénateurs, est maintenu. Alors même que cette question occupe sans cesse l’actualité.

 

Les représentants du peuple doivent être respectés. Mais s’ils donnent à penser qu’ils ne cherchent qu’à profiter du système, le poujadisme du « Tous pourris ! » guette. Cette fringale de profits de toutes sortes est excessive.

Souvenons-nous à l’opposé d’autres excès.

En ce 3 Octobre 1793, alors même que la Convention vient de décréter d’accusation ou d’arrestation plusieurs dizaines de ses membres, ROBESPIERRE, conscient du formidable retentissement de ce décret, et de l’image de la Convention, déclare : « Quel est l’homme qui doutera que la Convention Nationale s’est vouée au salut de la patrie, puisqu’elle n’a pas même épargné ses membres. »

A l’époque, si profiteurs il y a, ils n’occupent – pas encore – le devant de la scène.

Entre les deux situations d’hier et d’aujourd’hui, il y a sûrement place pour des représentants du peuple qui simplement n’abusent pas de leur mandat.

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