Le Règne des Thermidoriens, Août - Décembre 1794

J’ai entraîné par mon Discours la mort de Louis XVI

12-FRUCTIDOR

La Montagne va en effet s’écrouler sous le coup d’une nouvelle attaque contre les anciens membres des comités de l’An II, dont Lindet vient pourtant de vanter les mérites. Le triomphe des Thermidoriens est annoncé. Le 29 septembre, l’évocation des excès de la Terreur met les Montagnards en difficulté. Certains chefs sont à nouveau au dessous de leur réputation. Carrier ment et provoque un brouhaha : “Les atrocités ont été commises depuis mon départ.” Billaud-Varenne ment également avec le même résultat : “Le système du Comité de Salut Public a toujours été contraire aux mesures de rigueur.” Seul, Carnot parvient à éviter les fureurs de la Droite ressuscitée, mais au prix d’un lâchage peu honorable de ses collègues du Comité.
Alors que la Montagne déliquescente étale ses faiblesses, parvient à la Convention le 1er octobre, une adresse du Club Electoral. Ce club, récemment constitué, héritier politique des Ultras et des Cordeliers, réclame à la Convention le rétablissement de la Commune de Paris et de l’indemnité accordée aux sans-culottes. Cette adresse, relayée par les pétitions des sections populaires, finit par inquiéter la Convention. Au même moment, la Convention apprend, qu’à Marseille, des émeutiers, Jacobins, Montagnards et sectionnaires, ont voulu libérer leurs chefs robespierristes emprisonnés.
Le moment est propice pour les Thermidoriens qui conviennent de reprendre l’offensive avec l’aide de la Droite. Le 3 octobre, les Thermidoriens Legendre et Clausel, le Girondin Baudin, le Royaliste Devars, d’autres encore, reviennent inlassablement à la charge pendant huit heures et renouvellent l’attaque de Lecointre. Au sujet de Billaud-Varenne, Barère et Collot d’Herbois, Legendre se permet de déclarer : “Je les regarde comme des conspirateurs.” Un mois plus tôt, les mêmes hommes étaient, pour l’assemblée tout entière, “des amis de la liberté” ! Décidément, la Convention change vite et fort.
Malgré le soutien de Cambon et l’exemple récent de l’attitude fière de Lindet, Barère adopte un profil bas. Barère, qui n’a pas tiré la leçon de la précédente accusation, se défend faiblement et par des mensonges grossiers. Il ose affirmer pour se faire pardonner :“J’ai même eu l’avantage d’être rayé des Jacobins en même temps que Lecointre et Dubois-Crancé.”.En réalité, il présidait le Club lors de ces exclusions ! ! ! Billaud-Varenne et Collot d’Herbois se défendent mieux et sont même applaudis. Bourdon de l’Oise, encore Montagnard, les soutient. Barère s’éleve enfin au niveau de la lutte politique et s’en prend à la Droite avec lucidité : “On m’en veut parce que j’ai entraîné par mon discours la mort de Louis XVI”. Finalement, dans un désordre indescriptible, le président André Dumont, Thermidorien de choc, fait décrèter, malgré le brouhaha et la demande d’appel nominal formulée par la gauche, une commission pour étudier le cas des accusés.
Même si les accusés ne sont pas encore déclarés coupables, même si les autres membres du Comité de Salut Public incriminé, comme Carnot et Prieur-Duvernois, se déclarent solidaires des accusés, c’est un formidable retournement.

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