Elections
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Géographie

DUBOIS-CRANCE

Ce serait une illusion de vouloir dresser une carte politique de la France à partir des députations élues en 1792. L’élu fera des choix politiques, mais les choix politiques n’ont pas fait les élus. Dans l’ensemble, les députés n’ont pas d’orientation marquée, ni surtout irréversible. La plupart des départements ont des représentations éclectiques et réparties entre différentes tendances. Les électeurs n’ont pas voté en fonction de débats, d’enjeux et d’objectifs ultérieurs, qu’ils ignoraient nécessairement. Dans l’impossibilité de se déterminer sur une étiquette ou une politique donnée, ils ont choisi des hommes.
Ces hommes, une fois à la Convention, adopteront des positions, et en changeront. Elus, ils choisiront leur ligne politique, sur les bancs mêmes de l’assemblée, au jour le jour, de discours en intervention, de calcul en réflexion. C’est pourquoi, paradoxalement, beaucoup d’assemblées primaires de départements, ont élu des représentations éclatées, contrastées, comprenant aussi bien des montagnards que des royalistes, des girondins que des modérés.
Les mêmes électeurs de l’assemblée primaire de l’Isère élisent par exemple en l’espace de quelques jours des personnalités aussi différentes qu’Amar, impitoyable Montagnard, Boissieu, Royaliste tortueux, et Génissieu, courageux Girondin. L’Aisne élit à la fois Saint-Just, Condorcet et Debry, louvoyant Centriste. Carrier, le farouche Ultra, qui organisera les noyades collectives de rebelles Vendéens à Nantes, qui incitera le Club des Cordeliers à l’insurrection, est élu dans le département par ailleurs modéré du Cantal.
Cependant, quelques députations sont plus compactes. La Gironde, qui a donné son nom à la tendance politique des Girondins et qui compte précisément 9 Girondins sur 12 députés, en est l’archétype. Leurs autres points d’appui sont le Finistère, la Haute-Vienne, le Jura, le Maine-et-Loire. La Somme, l’Isère et la Manche, départements girondins, sont également sous influence royaliste. Les autres départements royalistes sont l’Ardèche avec 6 députés sur 8, les Basses-Pyrenées (Atlantiques) avec 5 députés sur 8, la Corse, le Calvados avec 8 députés sur 15, les Côtes-du-Nord (d’Armor), les Hautes-Alpes et la Seine-Inférieure. Certaines délégations sont modérées et homogènes dans la modération : Vosges, Tarn, Saint-Domingue, Mont-Blanc (les deux Savoie), Seine-et-Marne, Meuse, Lot-et-Garonne, Haut-Rhin, Cher et Haute-Saône. Enfin, les Montagnards sont très influents dans la Dordogne avec 8 députés sur 10, la Marne, la Haute-Marne, le Loir-et-Cher. La Montagne, c’est surtout et dès le premier jour, la délégation parisienne qui compte 21 Montagnards sur 24 députés. Dans ces quelques placefortes, les orientations politiques sont claires.

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