Girondins Discrédités, Janvier - Mai 1793

Pas une égratinure à montrer

ISNARD

Sans s’opposer à ces mesures, les Girondins multiplient critiques et tracasseries. Les Girondins, qui laissent la responsabilité de l’autoritarisme aux Montagnards, font appel à la classe aisée et intellectuelle contre la loi agraire. A Paris, des sections conservatrices lancent des cris royalistes. De son côté, la Convention déménage aux Tuileries, dans la salle des machines, où les députés se placent désormais en hémicycle. Mais la distraction est de courte durée. Dès le lendemain, le 11 mai, des nouvelles désespérantes parviennent de la guerre de Vendée et de l’Armée du Nord. En Vendée, les Véndéens remportent les retentissantes victoires de Bressuire et de Thouars, obtenant la capitulation du général Quétineau. Au Nord, le général en chef Dampierre, remplaçant de Dumouriez, est mort au combat. Partout les républicains reculent. Des départements menacent de se soulever.

Pendant cette période, la Convention est ballottée et bousculée. Elle conserve sa confiance aux Girondins dans certains cas. Elle se donne par exemple trois présidents Girondins successifs avec 60% des voix. En revanche, en ce qui concerne le pouvoir réel, et son principal organe, les Girondins sont tenus à l’écart. Les Girondins ne rassemblent que 60 voix lors de la reconduction du Comité de salut Public !

C’est l’heure du quitte ou double pour les Girondins. Se sachant politiquement perdus, ils tentent un suprême effort et profitent d’un environnement tactique favorable. Chaumette, Procureur de la Commune, décidé à l’insurrection, si nécessaire, rétablit le Comité Central Révolutionnaire, dit de l’Evêché, qui mobilise les sections populaires. Chaumette veut faire respecter l’emprunt forcé et l’établissement d’une liste de suspects. Or cinq sections sont déjà passées à la réaction et refusent notamment l’emprunt progressif, la liste des suspects et la levée de volontaires. Dans les autres, le départ à l’armée des volontaires affaiblit les positions montagnardes, et renforce les royalistes. Dans toutes, le mécontentement de la classe aisée par rapport à l’emprunt forcé et au recrutement, est de bonne augure pour les Girondins. Par ailleurs, une centaine de représentants Montagnards sont en mission. De plus, les Bouches du Rhône, la Gironde, le Rhône-et-Loire sont prêts à la révolte contre la Convention sous l’étendard girondin.La Vendée, la Bretagne et la Normandie se tournent vers le royalisme.

L’offensive commence maladroitement le 14 mai.Une pétition des citoyens de Bordeaux, assortie de menaces contre Paris, paraît très déplacée. Boyer-Fonfrède et les Girondins sont embarrassés. Legendre leur lance :“Ceux qui se plaignent qu’on veut les égorger n’ont pas une égratignure à montrer.”
Mais Guadet surenchérit et dénonce une affiche des Jacobins qui demande d’“en finir avec les vingt-deux.” Guadet conclut avec violence :“Envoyez à l’échafaud ses principaux auteurs, cette poignée d’assassins.” Les chefs de la Montagne, débordés par leur base, n’ont pas pu s’opposer à ce placard violent. Robespierre a dû capituler devant les extrêmistes : “Je sais qu’on m’accuse de modérantisme.” Guadet, qui exploite à fond cette faille, agite le spectre de débordements populaires, de nouveaux massacres de Septembre aux dépens des députés. Il parvient à inquiéter les indécis.

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