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Circonstances

COLLOT-DHERBOIS

Dans quelles circonstances la Convention est-elle réunie ? De 1789 à 1791, l’Assemblée Constituante a mis au point une constitution censitaire. A son entrée en vigueur, le public clairvoyant sait déjà qu’elle est mort-née. Le Roi Louis XVI qui conserve des pouvoirs suffisamment importants pour en bloquer le fonctionnement, ne s’y est rallié que contraint et forcé. Depuis le Serment du Jeu de Paume, il a entrepris de rétablir son autorité par tous les moyens. Successivement, la répression, la fuite, l’obstruction et la guerre.
La mauvaise volonté du Roi Louis XVI, les maladresses des Emigrés et l’invasion étrangère ont dépopularisé la Monarchie. En juin 1792, Louis XVI renvoie les ministres patriotes et maintient ses vetos. Lafayette veut lui prêter main forte. Aussi, la gauche de l’Assemblée Législative et les patriotes parisiens s’orientent de plus en plus vers la déchéance du Roi et la convocation d’une nouvelle assemblée. Goupilleau, le 17 juin: “Une grande lutte s’est élevée entre le pouvoir éxécutif et le pouvoir législatif!” Chaque jour, des délégations de la Commune de Paris réclament l’accusation de La Fayette et la suspension de Louis XVI. La majorité de l’assemblée résiste. Certains chefs de la gauche même comme Vergniaud et Brissot, sont réticents. Mais le Duc de Brunswick lance une proclamation déterminante. Il y annonce les projets des puissances étrangères. Brunswick somme la France de rétablir la royauté, de rendre à Sa Majesté Très Chrétienne sa liberté, sa sûreté, sa dignité royale. Il menace de tirer une éclatante vengeance et, au nom du Roi de Prusse et de l’Empereur d’Autriche, il promet à la France les plus terribles malheurs, aux révolutionnaires “les supplices qu’ils auraient mérités” et à Paris, “une subversion totale”.
Ce manifeste connu à Paris le 28 juillet entraîne l’explosion du 10 août 1792. Le frêle légalisme qui protégeait le trône est emporté. Ce jour-là, le peuple menace les Tuileries, résidence du Roi. Le Roi se réfugie à l’Assemblée Législative alors qu’une bataille sanglante éclate aux Tuileries, faisant plus de mille deux cents morts. L’assemblée Législative décide de suspendre le Roi “provisoirement” et convoque une nouvelle assemblée, la Convention Nationale, qui aura pour mission d’élaborer une nouvelle constitution.
Pendant ce temps, la coalition armée contre la Révolution s’avance. Le 11 juillet, l’Assemblée proclame la Patrie en danger. Thionville est bombardée le 5 août, la forteresse de Longwy, réputée imprenable, capitule le 23 août sans résistance. Le 20 août, La Fayette a rejoint les Autrichiens. Le 2 septembre, la place forte de Verdun est livrée aux Prussiens par la trahison. Depuis que Louis XVI est détrôné, les puissances n’ont plus à se cacher et à distinguer les bons des mauvais français. La subtile distinction entre le roi Louis XVI et son peuple est abandonnée. De plus, les rois craignent que les principes de la Révolution ne progressent d’autant plus vite chez eux que la famille royale ne freine plus la subversion en France. Les armées de métier qui évoluent en Champagne et en Flandre, épaulées par des milliers d’Emigrés français, devraient être à Paris en quelques semaines. En face, les patriotes ont fait appel à des volontaires. Sans uniforme, ni formation, ni encadrement, ni munitions, ils impressionnent peu les généraux prussiens et autrichiens.
Depuis le 10 Août, la puissante Commune de Paris s’oppose à l’Assemblée Législative, et parvient à imposer plusieurs mesures vigoureuses. L’assemblée nomme pourtant un ministère surtout composé d’amis des futurs Girondins: Roland, Clavière, Servan, Lebrun. Seul, Danton, Ministre de la Justice, a le soutien de Paris. Face à une situation critique, Danton réclame “de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace”. La tension monte.
Pour calmer le peuple vainqueur des Tuileries, qui réclame vengeance, un Tribunal spécial a été créé le 17 août.Mais ses arrêts sont trop cléments. Avant de partir aux frontières pour affronter la menaçante armée prussienne, des parisiens en grand nombre, plus ou moins manipulés, se vengent eux-mêmes des morts du 10 août. Entre le 2 et le 5 septembre, environ mille prisonniers (966 selon Michelet) sont jugés et tués sommairement dans les prisons parisiennes. Ces massacres, que les autorités n’ont pas pu ou voulu empêché, déteriorent le climat politique. Dans le même temps, les armées françaises battent en retraite.
Au moment où les députés élus de toute la France convergent vers la capitale, la liberté naissante paraît autant menacée par les Prussiens que par les excès parisiens. Même si un calme relatif est rétabli, autant dire qu’en majorité, les nouveaux élus sont impressionnés par ces sombres auspices. Ils ignorent encore que, le 21 septembre, les “savetiers” vont infliger un cinglant démenti aux “messieurs”, à Valmy.

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