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Famille

11-THERMIDOR

Chaque Conventionnel évolue dans un environnement plus ou moins favorable. Son entourage, sa vie privée, ses activités extra-parlementaires, lui sont personnels et il peut trouver là un relatif repos ou réconfort. Cela dit, femmes et enfants des députés sont restés au pays et la plupart des députés n’ont pas regagné leur foyer familial une seule fois pendant toute la session.
Cependant, la famille ou le patronage de personnages influents a joué un rôle décisif lors des élections. Ainsi beaucoup de députés siègent au côté de leur frère, leur cousin ou leur parent, soutien autant familial que politique. Les frères Robespierre, Lindet et Rabaut par exemple, votent dans le même sens et sont très attachés. Les cousins Goupilleau sont unis… comme deux frères. Seule exception notable, les frères Delaunay siègent dans des camps opposés.
Mais en temps de Révolution, quand la trahison et le soupçon se répandent, le lien familial devient parfois une chaîne pesante. Sans être responsable des actes répréhensibles reprochés à leurs parents, les députés, interrogés à leur sujet, doivent procéder à une désagréable justification. Ysabeau est dénoncé pour avoir emmené avec lui en mission, son frère, qui s’avère être une sombre crapule. Duprat, le député Girondin, est dénoncé par son propre frère Duprat le Jacobin au cours d’une scène de famille indécente.
Les députés doivent parfois se résoudre au rejet de leur famille, surtout dans des cas d’émigration, de désertion ou même de trahison. De proche en proche, tous les proscrits sont assimilés à des émigrés. Depuis le 10 mars 1793, par exemple, leurs propriétés et tous leurs biens sont acquis à la République. Et le 17 septembre, les parents d’émigrés sont suspects. Pour éviter de voir leur famille dépouillée, les proscrits très catholiques n’hésitent pas à divorcer, tels Doulcet-Pontécoulant et Lanjuinais, quitte à se remarier ensuite.
Pour Philippe-Egalité, ci-devant richissime et illustre Duc d’Orléans, le malheur arrive par la trahison de son fils, le futur Louis-Philippe. Celui-ci, général sour les ordres de Dumouriez, a participé à la tentative de renversement de la Convention avant de passer à l’ennemi avec armes et bagages. Bien qu’innocent, le Duc, son père, est arrêté trois jours plus tard et guillotiné six mois après. Montaut, Thibaudeau et Valady par exemple, sont soupçonnés à cause de l’émigration ou de l’arrestation de leur famille. Laloy, qui aide son frère et son beau-frère royaliste, doit démissionner du Comité de Sûreté Générale.
Quand les parents sont hors de portée, les députés mis en cause nient tout rapport politique avec eux. D’une manière générale d’ailleurs, ceux qui émigrent, compromettent ceux qui restent. Si un membre de la famille est détenu, il est plus difficile de se désintéresser de son sort. Derazey choisit d’abandonner simplement son beau-frère Jacob Dupont. Le frère du député Crassous est condamné et éxécuté pour trahison avec la satisfaction au moins apparente de son frère. Marie-Joseph Chénier essaie au contraire de sauver son frère de l’échafaud, sans succès.
Dans l’ensemble, les parents s’entraident par delà les clivages, parfois jusqu’au sacrifice. D’ailleurs, la carrière des parents des députés est elle-même soumise aux fluctuations de la politique. Les généraux Duquesnoy, frère du député du Pas de Calais, Turreau, frère du député de l’Yonne, Santerre, beau-frère de Panis, Marceau, beau-frère de Sergent, Lapoype, beau-frère de Fréron, les officiers Davout, gendre de Turreau, Grouchy, beau-frère de Condorcet, sont promus ou destitués selon la position de leur parents.
La famille et les amis ont pu rendre de précieux services au début de la Révolution. Mais la Convention a en général pour effet de distendre les liens affectifs.

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