Politique
Urgence   |   L'oeuvre   |   Travail   |   Suspense   |   Classification   |   Préjugés   |   Métamorphoses   |   Pistes   |  

Métamorphoses

LASOURCE

Une dizaine d’instantanés met en relief les métamorphoses majeures de l’assemblée. Le passage de la Convention au Directoire constitue une dernière métamorphose politique, l’ultime photographie instructive de la Convention. (Voir le graphique) L’étude de ces métamorphoses est sans doute l’aspect le plus fascinant de la fantastique aventure humaine que vont vivre les Conventionnels.

Septembre 1792: ouverture de la session. L’ensemble de la Gironde qui entraîne, par son prestige, l’ensemble de la Plaine, est assurée du soutien de 79% des députés. En face, l’opposition Montagnarde rassemble 21% de l’assemblée. Majorité et minorité sont clairement établies.

Janvier 1793: procès du roi. Les fautes de la Gironde ont jeté dans les bras des Montagnards une soixante d’anciens législateurs de renom, puis, après la piteuse prestation de la Gironde lors du Procès, 80 députés deviennent les nouveaux compagnons de route des Montagnards. Malgré ces deux mouvements, avant et après le 21 janvier 1793, la Gironde conserve en principe 56% des sièges.

Avril 1793, les catastrophes. La Gironde, incapable de prendre des mesures sérieuses perd encore le soutien d’une centaine de députés éperdus du Centre. La Convention est ingouvernable, mettant aux prises deux blocs de 320 à 330 députés. L’arbitrage ne peut venir du Centre de cent députés, irrémédiablement indécis.

Août 1793: le chaudron. Le coup d’état a débloqué les décisions. La minorité agissante, Montagnards et alliés, compte 46% des députés. Cent vingt députés du Centre, bon gré mal gré, appuient, de plus, la nouvelle politique, qui rassemble 63% de l’assemblée. A Droite, 37% des députés sont réduits au rôle de potiches.

Avril 1794: la glace. L’opposition de Droite, réduite à 27% des députés par des proscriptions, est matée. Mais des Montagnards inquiets pour eux-mêmes, prennent contact avec des centristes, préoccupés des audaces montagnardes. Ils forment un groupe attentiste de 160 députés. A Gauche, Montagnards et alliés ne rassemblent plus que 43% des députés. Les Montagnards se sont eux-mêmes affaiblis.

Août 1794: l’après Robespierre. La division éclatante des Montagnards provoque des bouleversements. A Droite, les députés commencent à se réveiller d’un long silence. Au Centre, les Thermidoriens, soutenus par le centre modéré, forment un pôle de 32% des députés. Les Montagnards orthodoxes et leurs alliés de la Plaine représentent encore 40% des députés. Mais le soutien de leurs alliés de la Plaine venant à leur échapper, les Montagnards sont réduits à 29%.

Décembre 1794: renfort réactionnaire. Numériquement, la situation est comparable à celle de septembre 1792. La Droite Girondine et Royaliste s’est réveillée et renforcée. Les Montagnards, dans l’opposition, rassemblent encore 24% des députés.Tous les autres soutiennent, plus ou moins sincèrement, les martyrs Girondins et Royalistes revenus sièger.

Mars 1795: renfort royaliste. Le retour des derniers proscrits amène le renforcement du pôle royaliste, qui rassemble désormais 32% des députés. Autour d’eux, la Gironde progressiste affaiblie représente 6%, les Thermidoriens en porte-à-faux 8%, les Modérés 20%. Tous ces sous-groupes contribuent à marginaliser les Montagnards, dont, seuls, 50 députés environ sur 180, ont encore la possibilité de s’exprimer.

Juin 1795: une République sans républicains. La minorité agissante est Royaliste. Elle compte 35% des députés. Les Modérés, 23% des députés, suivent ses impulsions. Mais les Royalistes perdent d’abord le soutien, des centristes actifs, puis des Girondins progressistes, enfin des Thermidoriens. La Montagne, décimée, est réduite à 17% des députés, presque tous réduits au silence.

Octobre 1795: sursaut républicain. Dans les dernières semaines de la Convention, Centre gauche, Gironde progressiste, Thermidoriens, forment une minorité hétéroclite de 25% des députés. Les Modérés, 23% des députés les suivent. A Droite, les Royalistes, 35% des députés, sont presque tous muets. A Gauche, les 16% de députés Montagnards, participent de nouveau à la vie de l’assemblée.

Novembre 1795: élus aux Conseils. Les élections aux Conseils du Directoire expliquent à la fois la tentation du coup d’état de gauche et la passivité des Royalistes. Les 500 députés de la Convention élus aux Conseils se répartissent de manière édifiante.

– 9,5% des élus sont Montagnards. Ils étaient encore 16,5% à la Convention.

– 43% des élus sont Royalistes (135 réélus sur 161!!) ou réactionnaires. Ils étaient 35% à la Convention.

– Le Marais suiveur compte 113 députés réélus sur 163, une bonne moyenne de 69%.

– Les trois pôles dominants de ces deux tiers réélus sont les Thermidoriens avec 45 réélus sur 52, les Girondins avec 109 réélus sur 115, et surtout, les Royalistes.

– Comparativement, les Centristes autrefois alliés aux Montagnards sont à la portion congrue avec 67% de réélus.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.