Le Blog des Fondateurs

Les générations futures


GUADET

Il est temps sans doute de se préoccuper d’écologie. Une grand’messe internationale réunie à Paris devrait aller au-delà d’un catalogue mollement contraignant qui lui est assigné comme objectif. La COP 21 doit tracer une route claire au nom de l’intérêt général, au nom du Salut Public de la planète, au nom des générations futures. Si cette réunion de chefs d’état n’y parvient pas, il faudra attendre les prochaines COP pour que, à la lumière de nouvelles catastrophes écologiques gigantesques, les dirigeants n’aient plus d’autre choix…. en espérant qu’il ne sera pas trop tard.

Après tant d’années de gaspillage organisé et même vanté, après tant de temps consacré à la recherche d’une prospérité générale inspirée du libéralisme économique, après avoir succombé au mirage d’une croissance infinie et indéfinie, il faut dès maintenant mettre en œuvre une remise à plat de nos modes de production.
Les mesures homéopathiques ou timides ignorent la réalité. Les orientations libérales biaisent encore la question. En effet, on ne peut accepter la marchandisation des volumes d’émission de gaz à effet de serre, marchandisation qui signifie que les pays riches pourraient polluer en payant. On ne peut davantage accepter le maintien de mécanismes artificiels libéraux tels que l’obsolescence programmée. Jusqu’où faudra-t-il laisser grimper les montagnes de déchets, d’emballages, de plastiques, de productions inutiles, pour vaincre l’aveuglement des climato-sceptiques, sincères ou non ?

Plus grave est la volonté des sociétés multinationales de rentabiliser leurs investissements. Les multinationales du secteur de l’énergie, en particulier, continuent de prospecter pour découvrir de nouveaux gisements de gaz, pétrole et charbon alors que la planète ne supporterait pas d’utiliser ne serait-ce que le quart des réserves identifiées enfouies dans son sol. Ce qui était autrefois une richesse est devenu un poison mortel, distillé en toute quiétude par les multinationales.

A cet égard, la désunion des états paraît dérisoire en regard de la puissance et la détermination des multinationales, mues par des intérêts particuliers. Mais la force des Etats, garants de l’intérêt général, c’est précisément de pouvoir proscrire ce qui est incompatible avec cet intérêt collectif.

Ainsi, il est impérieux d’établir un planing de décarbonation, Etat par Etat, et de s’y tenir, sans faculté de rachat. Une chose interdite n’est pas monnayable. Dès lors, des bouleversements et des remises en cause déchirantes s’imposent ; l’humanité aborde un tournant décisif, peut-être le dernier. Car pour le dire crument, la question fondamentale est de savoir s’il y aura des générations futures.

Le 4 Février 1794 (16 Pluviôse An II), l’humanité avait déjà pris un tournant décisif, à Paris. Tout était différent sans doute, et la désunion d’aujourd’hui n’est pas la moindre des différences. Mais ce jour-là, la Convention Nationale a décrété l’abolition de l’esclavage, bravant ainsi des pratiques millénaires. Le commerce de l’esclavage était donc proscrit. L’esclave devenait homme en dépit des intérêts particuliers d’adversaires multiples et puissants. DANTON l’explique : « Mais aujourd’hui, nous proclamons à la face de l’Univers, et les générations futures trouveront leur gloire dans ce décret, nous proclamons la liberté universelle. » DANTON pense bien à la planète entière et semble pressentir des bouleversements salutaires. Il veut « combiner les moyens de rendre ce décret utile à l’humanité sans aucun danger pour elle. » A DANTON la conclusion : « Nous travaillons pour les générations futures. »
Qui poursuivra désormais cette tâche ?

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