Mobilisation Républicaine, Juillet - Octobre 1795

Allez vous faire foutre

03-FRIMAIRE

Le 1er août, un membre du Comité de Salut Public chargé des questions militaires, Royaliste notoire, Aubry, est dénoncé.Quirot, le Girondin, et Bellegarde, le Montagnard, l’accusent d’avoir multiplié les nominations de généraux contre-révolutionnaires et de s’être lui-même attribué le grade de général de division. Le 2, une nouvelle pétition des sections royalistes, pétition qui critique les libérations de patriotes, est mal reçue par la Convention. Dubois-Crancé pique une grosse colère : “Est-ce que nous sommes injustes ? Allez vous faire foutre, brigands que vous êtes !” La Convention est à nouveau le théâtre d’un tumulte tel que les députés en viennent aux mains. Le même jour, un seul Royaliste est élu sur les huit nouveaux promus aux Comités.
Cependant, les Royalistes obtiennent une compensation de taille. Le Comité de Législation, chargé de l’examen des dénonciations sur les députés Montagnards, entreprend de décrèter de nouvelles arrestations. Dans les séances du 8 et du 9 août, encore dix députés, pourtant absolument silencieux depuis quatre mois au moins, sont arrêtés. Parmi eux, les anciens députés Ultras, Lequinio et Fouché, et, évènement significatif de la puissance de la réaction, le Girondin progressiste Dupin, ami de Condorcet. Les républicains modérés ne peuvent prendre leur défense sans être accusés de complicité.
Le 10 août, les sections boudent ostensiblement la fête commémorative de la chute du Roi et certaines proclament même qu’il n’y a pas lieu de fêter cette horreur. Les sections royalistes deviennent plus menaçantes à mesure que les républicains s’affermissent dans l’assemblée. Le 13, les lois contre les Emigrés sont déclarées irrévocables. Le 14, les derniers représentants en mission réactionnaires sont rappelés. Le député Lesage, un chef royaliste, membre du Comité de Salut Public, attaqué pour avoir fait arrêter Dupin sur une fausse dénonciation, est obligé de se rétracter. Le 15, Marie-Joseph Chénier est élu difficilement, après deux tours de scrutin contre une autre personnalité Royaliste de la Convention, Henry-Larivière. La menace royaliste à la Convention est désormais circonscrite.L’attention se porte alors sur la menace extra-parlementaire.
Le 22 août, la Constitution, dite de l’An III, fruit d’un compromis, est enfin votée. Mais le Décret des Deux-Tiers qui lui est joint, retarde l’éventualité d’une restauration monarchique. Par ce décret, les Conventionnels imposent au corps électoral de choisir les deux tiers des nouveaux députés parmi les députés actuellement en exercice. Les Royalistes les plus durs comme Pelet, Saladin et Rovère s’y sont opposés sans succès. Plus grave, ce décret irrite les sections. Le 30, un nouveau décret vient complèter celui du 22 : si les électeurs ne désignent pas le nombre suffisant de Conventionnels, ceux-ci se coopteront. Malgré la disposition qui exclut les 68 députés Montagnards en état d’arrestation de l’application du décret des Deux-Tiers, ce nouveau décret met les sections en ébullition.

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