Le XIXe siècle et les Derniers Conventionnels, 1830 - 1854

Révolution ?

03-FRIMAIRE

En France, depuis 1814, les Pairs, nommés par le Roi, sont héréditaires. La Chambre est élue par un collège de 90 000 personnes privilégiées. Depuis 1820, la Monarchie a anéanti les espoirs de libéralisation progressive. L’avènement de Charles X a encore accentué l’orientation du Régime. Sacré à Reims en 1825, Charles X tombe dans l’aveuglement et la bigoterie. Le Roi n’est plus compris de ses sujets. Le Ministère Polignac nommé en août 1829 précipite les évènements. La Chambre, renouvelée le 19 juillet 1830, renforce les libéraux qui réclament le remplacement du Ministère. Charles X s’y refuse et signe des Ordonnances illégales, qui prévoient notamment la dissolution de la Chambre à peine élue. En ce 26 juillet 1830, Charles X cherche à imposer ses Ordonnances réactionnaires. L’opposition à la Chambre s’indigne mais ne prend aucun parti. Réunie le lendemain chez un de ses chefs, le banquier Casimir Périer, dont le père a financé le coup d’état de Bonaparte, l’opposition n’ose rien entreprendre contre les Ordonnances.
Alors, un vieillard de soixante dix ans, à la voix chevrotante, se lève et déclare : “C’est précisément le droit de ces ordonnances que je conteste. Le juge entre nous et le pouvoir, c’est le peuple, et voilà pourquoi il faut lui prêcher l’insurrection.” Au mot insurrection, l’assemblée est pétrifiée. Qui parle ainsi ? Le seul représentant de la Convention à la Chambre de Charles X, Pierre Claude François Daunou. En cette période décisive, toute la Convention est dans la parole de Daunou. Le vieillard appelle à l’insurrection. Le premier, il invoque la violence révolutionnaire. Un des députés les plus âgés, il apporte l’esprit de décision qui manquait à une opposition vélléitaire et embourgeoisée. Les paroles enflammées du vieillard sont prémonitoires.
Trois journées balaient la Monarchie de Charles X. Les “trois glorieuses” journées d’insurrection parisienne chassent ce dernier Roi de Droit Divin. Le peuple insurgé réclame la République.L’opposition parlementaire, libérale mais avant tout amie de l’ordre, est soucieuse d’éviter les débordements populaires à la mode de la Convention … et la République. Elle parvient à imposer Louis-Philippe comme Lieutenant Général du Royaume, puis comme Roi des Français. Lafitte, Guizot et Thiers convainquent La Fayette de donner sa caution. La Fayette embrasse Louis-Philippe. “Louis-Philippe sera la meilleure des Républiques”.
Les républicains sont une fois de plus mystifiés. En 1830 par Thiers, comme ils l’avaient été en 1815 par Fouché, et en 1800 par Bonaparte. En échange du retour au calme, ils comptaient imposer leur programme. Mais république, suffrage universel et referendum populaire sont remis à plus tard.
L’échec républicain en 1830 a une autre cause que l’habileté maneuvrière de Louis-Philippe. Depuis 1815, la République est devenue synonyme de guerre de conquête, de frontières naturelles. L’application de principes républicains sur le seul territoire du royaume paraît contradictoire, aux yeux de beaucoup de républicains. Rien de tel pour effrayer les libéraux, que le spectre d’une guerre à outrance et d’un gouvernement dirigiste. L’alliance possible en 1830 sur un projet de République modérée achoppe sur cette perspective de politique étrangère et intérieure violente.

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