Restaurations, 1814 - 1815

Cent Jours

SAINT-JUST

Les Cent-Jours commencent. Napoléon, à nouveau au pouvoir, cherche des appuis de tous côtés. Les régicides, même les opposants à la tyrannie de Napoléon, se rallient à lui. Pour eux, tout vaut mieux que les Emigrés au pouvoir. Agé de 78 ans, Dubouchet s’exclame : “Le retour de Napoléon me donne un nouveau bail de vie de dix ans.” De fait, les Conventionnels ralliés s’activent fébrilement. Fouché est Ministre de la Police, Carnot Ministre de l’Intérieur, Cambacérès Ministre de la Justice. Un dernière parcelle de pouvoir est offerte aux ex-Conventionnels. Carnot appelle quelques anciens collègues aux préfectures abandonnées par les Royalistes : Cavaignac, Debry, Ramel, Chazal, Roux, Mallarmé. A la Chambre des Cent-Jours, d’anciens Montagnards connus comme Drouet, Cambon, Garrau, Bernard de Saintes, Gossuin, Granet, Quinette, Barbeau-Dubarran et Barère sont députés. Les légitimistes crient au terrorisme. A côté d’eux siègent d’autres Conventionnels moins compromis comme Louvet, Poisson, Beaugeard, Thomas-Laprise, Pénières, ou franchement royalistes comme Gamon. D’autres Montagnards encore comme Baudot, Choudieu, Ricord, Dubouchet, des Girondins comme Lecointe-Puyraveau, des Thermidoriens comme Perrin des Vosges, acceptent des postes dans l’administration pour participer à la lutte contre les Bourbons. Mal leur en prend. S’ils étaient pour une fois restés neutres, ils auraient peut-être évité la redoutable vengeance des Bourbons. Par ailleurs, la Chambre des Pairs, créée par Louis XVIII et maintenue par Napoléon, comprend en 1815 huit ex-Conventionnels dont six régicides : Boissy d’Anglas, Thibaudeau, Carnot, Doulcet-Pontécoulant, Cambacérès, Quinette, Roger-Ducos, Siéyès. Napoléon a refusé les candidats de Carnot à la Chambre des Pairs : Grégoire et Letourneur.
Cent jours, c’est court. Les hommes ont à peine le temps de se mettre en place que la nouvelle du désastre militaire remet tout en question. Waterloo brise le rêve. Dans l’immédiat, après l’abdication de Napoléon le 22 juin 1815, le destin hésite. Napoléon II ou la République ? Louis XVIII ou les Orléans ? Une paix bâclée ou la guerre à outrance ? Une petite minorité avec Cambon et Carnot veut recourir au souffle de l’An II. Garnier de Saintes veut rétablir les Représentants en Mission. Certains conventionnels comme Mallarmé se battent encore avec acharnement. Une décision de Davout, Ministre de la Guerre, de poursuivre la lutte, ou la proclamation de la République, ou encore de la Patrie en danger, pourrait tout faire basculer. La Révolution, comme au 19 Brumaire, manque de défenseurs.
La minute est critique. Les personnages importants auront droit à des traitements particuliers, en fonction de leur comportement au moment du deuxième retour de Louis XVIII. Thibaudeau va droit aux ennuis : “Si ce sont les Bourbons qu’on veut nous imposer, je déclare que jamais je ne consentirai à les reconnaître.” Defermon également : “Pendant vingt ans, les Bourbons avaient cessé de règner en France. Ils y étaient oubliés par leurs contemporains, étrangers à nos lois, à nos institutions, à nos moeurs, à notre gloire.” Defermon insiste pour proclamer le fils de Napoléon. Garrau ose rappeller à la tribune que l’Article 67 de l’Acte Additionnel “frappe d’une exclusion perpétuelle la race des Capet.” Boissy d’Anglas, au contraire, qui empêche la proclamation de Napoléon II, obtiendra illico son pardon. Les Bourbons ont bonne mémoire.

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