Girondins Discrédités, Janvier - Mai 1793

Vous m’accusez de Faiblesse, Vous aviez raison !

CHENIER

Après la déroute d’Aix-La-Chapelle, la défaite de Neerwinden, le massacre des prisonniers républicains à Machecoul, la Convention cherche un moment la collaboration de ses membres les plus irréconciliables. Le 26 mars, un Comité de Défense Générale est élu, composé de personnalités susceptibles de convenir aux deux extrêmes, et qui comprend toutes les tendances actives de l’assemblée. Peine perdue. D’emblée, le Comité est bloqué et la collaboration impossible.

Une initiative maladroite donne de la consistance aux accusations des Girondins. Le 28 mars, Pache, maire de Paris, présente une pétition des sections qui réclame le remplacement des députés qui n’ont plus la confiance du peuple, c’est-à-dire les chefs girondins. Aussitôt, Pétion et le Royaliste Gamon réclament les assemblées primaires. Pour les Girondins, il vaut mieux remplacer l’assemblée que de rester impuissants et vulnérables à Paris. Mais le remplacement de l’assemblée est moins que jamais d’actualité. Buzot demande alors la réponse de la députation de Paris à la pétition des sections de Paris. Les Montagnards sont placés en porte-à-faux. Brouhaha. Boyer-Fonfrède restaure le calme en bloquant une nouvelle fois les motions de ses amis.

Le lendemain, autre sujet d’inquiétude, la Convention apprend par les Jacobins le projet de trahison de Dumouriez. Buzot attaque une fois encore les désorganisateurs. Le calme est rétabli au nom du salut public et un semblant de trêve permet de prendre des mesures unanimement à l’initiative de Montagnards comme Romme et Delmas. Le ministre de la Guerre, Beurnonville et quatre députés sont envoyés auprès de Dumouriez qui est appelé à la barre. Mais dans le même temps, une lettre de Dumouriez est rendue publique, lettre dans laquelle il exalte la “partie saine de la Convention contre les scélérats”. Coup dur pour les Girondins : Dumouriez, devenu très suspect, désigne les Girondins comme ses amis.

Le 31 mars, alors que Dumouriez consomme sa trahison, l’orage s’abat sur la Convention. Pour détourner l’attention, Pénières, Lasource et les Girondins attaquent Danton comme complice de Dumouriez et multiplient les calomnies. Nouvelle bourde. L’accusation est grotesque, les débats s’enveniment et Danton éclate :“Les scélérats, ils veulent rejeter leurs crimes sur nous !“ Danton se résigne alors à la division de la Convention, lui qui a toujours essayé de réconcilier ses amis Girondins et Montagnards. Aux Montagnards :”Vous m’accusiez de faiblesse, vous aviez raison.“ Danton improvise pendant deux heures. Les Girondins sentent qu’ils sont allés trop loin. Accalmie.
Mais Marat, qui est soutenu par le girondin exalté Birotteau, veut qu’on examine les dénonciations portées contre les députés. L’alliance contre nature de Marat et de Birotteau aurait dû inciter l’assemblée à la prudence mais, par une fatalité inouïe, les députés s’ouvrent eux-mêmes les portes du néant en supprimant leur propre inviolabilité. Faut-il parler de courage ou d’inconscience ? Aucune assemblée ne s’est jamais rendue si vulnérable en si peu de temps. Toutes les violences, jusqu’ici contenues dans un cadre strict, vont pouvoir déferler.

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