A l’époque, les circonscriptions électorales s’apparenteraient trop à des fiefs seigneuriaux. C’est pourquoi les députés à la Convention Nationale sont élus au scrutin de liste départemental, au suffrage universel masculin. Plusieurs députés, principalement les “vedettes” des assemblées précédentes, ont été élus par plusieurs départements, jusqu’à huit départements pour le journaliste et écrivain prophétique Carra. Condorcet est élu cinq fois, Dubois-Crancé quatre fois, Siéyès trois fois. Robespierre est élu à Paris et dans le Pas-de-Calais.
Ce type de scrutin explique en partie le détachement croissant des députés vis-à-vis de leur département, dans lequel ils retournent rarement pendant la session.De plus, officiellement en tout cas, ils se refusent à privilégier un département quand la Nation entière, réunie à Paris, les sollicite. Une fois élus, ils ne cherchent pas les voix de leurs électeurs. Dans leurs contacts épistoliers, ils défendent la Convention auprès de leur département et non l’inverse. La Convention ignorera les querelles de clocher. Mis à part les problèmes coloniaux, les problèmes d’intérêt local interfèrent peu dans la politique de la Convention. La loi étant la même pour tous, il n’y a pas de mesures “fédéralistes” ou sécessionnistes.
Comme aujourd’hui, les représentations des départements sont déterminées en fonction de leur démographie. Les moins représentés avec deux sièges, sont le Vaucluse, nouvellement créé, et le Mont-Terrible (Territoire de Belfort) récemment annexé.Le nouveau département des Alpes-Maritimes compte trois députés. Les colonies ont une représentation variable, d’un député pour la Guyane à six députés pour Saint Domingue. A l’opposé, les départements les plus lourds sont Paris avec 24 députés, la Seine Inférieure (maritime) 16, le Rhône-et-Loire et la Somme 15, la Seine-et-Oise 14, le Calvados, la Manche 13, l’Aisne, les Bouches-du-Rhône, la Haute-Garonne, la Gironde, le Nord, l’Oise, le Puy-de-Dôme, 12. La présence du Puy-de-Dôme parmi les départements les plus peuplés montre à l’évidence que la démographie a beaucoup évolué.