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La SYRIE : pourquoi pas la CHINE ?


DESMOUNLINS

Sans doute, les atrocités commises en Syrie émeuvent à juste titre. Un dictateur soumet ses sujets à toutes sortes d’horreurs. L’utilisation des gaz de combat contre des civils suscite l’indignation. Soit.

Faut-il envisager pour autant une intervention militaire ?

 

A ce type de questions, la Convention Nationale a répondu, en plusieurs étapes.

 

La question de la guerre se pose très vite après les débuts de la Révolution.

Le 18 Décembre 1791, ROBESPIERRE a articulé de nombreux arguments très actuels à la tribune des Jacobins contre la guerre. Par exemple : «  Pour moi, qui ne puis m’empêcher de m’apercevoir de la lenteur des progrès de la liberté en France, j’avoue que je ne crois point encore à celle des peuples abrutis et enchainés par le despotisme. »

Le 2 Janvier 1792, ROBESPIERRE récidive dans un discours remarquablement clairvoyant : « La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d’un politique, est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à main armée chez un peuple étranger pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n’aime les missionnaires armés…. »

Le 20 Avril 1792, malgré l’opposition de sept courageux députés de l’Assemblée Législative, la guerre est déclarée. ROBESPIERRE, qui à l’époque n’est pas député, ainsi que d’autres futurs Montagnards comme DANTON,  DESMOULINS, BILLAUD-VARENNE et MARAT, y est donc hostile.

Etape 1

A l’ouverture de sa session, la Convention Nationale hérite donc d’une guerre qui, après cinq mois d’échecs ininterrompus, tourne, presque par miracle, à l’avantage de la République. Valmy le 20 Septembre, puis Jemmapes, le 6 Novembre 1792, marquent le redressement. De plus, d’autres conquêtes faciles (Savoie, Nice, Rive gauche du Rhin,…)  étourdissent la majorité de la Convention qui ne voit plus d’obstacles à l’avancée des  Républicains.

Cette euphorie amène alors le décret du 19 Novembre 1792 :  « La Convention Nationale déclare, au nom de la nation française, qu’elle accordera fraternité et secours à tous les peuples qui voudront recouvrer leur liberté… »

Etape 2

Les revers (invasion, trahisons, Vendée,…) succèdent aux victoires et aux conquêtes. Le 13 Avril 1793, DANTON, élu membre du 1er Comité de Salut Public quelques jours plus tôt, conscient de la gravité de la situation, intervient : « Nous touchons au moment où il faudra dégager la liberté, pour mieux la conserver, de tous ces enthousiasmes…Dans un mouvement d’énergie, et certes, ce mouvement était beau, vous avez rendu un décret qui porte que nous donnerons protection aux peuples qui voudraient résister à l’oppression des tyrans et que nous ne traiterons qu’avec ceux qui auront un gouvernement en concordance avec le nôtre. Mais ce décret, singulièrement vague, vous engage à secourir quelques patriotes qui voudraient faire une révolution en Chine…… Décrétons que nous ne nous immiscerons point dans ce qui se passe chez nos voisins mais que la nation s’abîmera plutôt que de souscrire à toute transaction… »

C’est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Etape 3

Au prix d’efforts inouïs (levée en masse, terreur, maximum, loi des suspects,…), la situation se rétablit et les français envahissent les territoires des états voisins. Pour des raisons conjoncturelles, il est question désormais des frontières naturelles et de faire vivre les armées françaises sur les pays conquis. Les traités de paix de 1795 consacrent l’impérialisme de la république.

L’étape 2 interpelle l’actualité : ne pas s’immiscer sauf menace directe sur la nation française.

 

Un dictateur, où qu’il se trouve, est toujours à combattre, qu’il utilise ou non des gaz de combat contre son peuple. Partout des régimes atroces et corrompus sont responsables de malnutrition, esclavage, excision, … Pourquoi n’intervient-on pas ? Parce qu’il appartient avant quiconque aux peuples meurtris de s’émanciper.

Pour intervenir aujourd’hui, il faut en tout état de cause, une légitimité que seule l’ONU peut apporter. Ainsi, il est à craindre que François Hollande, à la piètre popularité que seule a pu modifier l’intervention au Mali,  réponde trop au portrait tracé par ROBESPIERRE, 222 ans plus tôt : « La guerre !… Par elle, l’attention générale, détournée des délibérations intéressant nos droits civils et politiques, se portait exclusivement sur les évènements extérieurs… »

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