Le Blog des Fondateurs

De l’huile sur le feu


04-NIVOSE

L’imbroglio règne au Moyen Orient depuis des décennies. Les USA envahirent l’Irak qui avait envahi autrefois le Koweit. Les USA eurent l’appui des monarchies du Golfe et Saddam Hussein fut abattu.

Mais ensuite le chaos s’installe en Irak à l’instar de l’Afghanistan qui a subi également l’intervention occidentale.

La Libye de son côté traverse une période d’anarchie violente depuis la chute de Kadhafi à la suite d’une autre intervention occidentale.

Là-dessus intervient le printemps arabe avec quelques résultats éloquents : l’Egypte retombe en dictature et la Syrie est déchirée. Bachar El Assad fait face d’abord a une opposition laïque progressiste qu’il parvient à écraser à grands renforts de massacres et tortures.

 

Au Moyen Orient aujourd’hui, tout est imbriqué et presque incompréhensible quand on intègre à la réflexion l’Iran chiite, les moyenâgeuses et théocratiques monarchies sunnites, la division de l’Irak et de la Syrie entre ces deux faces de l’Islam, le Kurdistan, le Hezbollah libanais, et le dernier arrivé : DAECH, l’Etat Islamique, avec en toile de fond pétrole et terrorisme.

Entre tous ces acteurs aux intérêts si divergents, aux idées, cultures et fanatismes si éloignés de notre univers démocratique, ces acteurs qui rivalisent de barbarie, qui invoquent la religion musulmane à tout propos, faut-il vraiment chercher un bon face aux méchants ?

 

Or, des puissances occidentales dont la France, envoient des armes perfectionnées aux kurdes.

Cette décision n’a pas été discutée. Il est temps d’en parler et de se poser au moins trois questions

Faut-il intervenir ?

Faut-il envoyer des armes ?

Pourquoi aux Kurdes ?

 

Les interventions précédentes ont montré leurs limites, d’abord parce que des arrière-pensées immondes (pétrole et reconstruction) ou des mensonges cyniques (armes de destruction massives) ont entaché leur sincérité, ensuite parce que des violences sans sont suivies. Mais enfin, les motifs paraissaient légitimes. Au vu des résultats cependant, il y aurait lieu d’appliquer désormais le précepte de DANTON énoncé le 13 Avril 1793 : la République Française ne s’immisce pas dans les affaires d’autres nations… sauf si elle est agressée.

 

En dépit de ce sage décret, aujourd’hui, la France invoque la menace terroriste de DAECH et intervient. Soit.

Mais alors, que la République conserve la maîtrise de ses actions militaires, sur la base de raids aériens, sans envoi de troupes au sol. (Un enlisement militaire meurtrier est toujours à craindre.). Au-delà, les démarches diplomatiques devraient viser à priver DAECH de ses anciens soutiens financiers, logistiques et militaires. Et c’est là que les monarchies du Golfe ont une immense responsabilité, elles qui ont caressé le serpent qui les menace aujourd’hui.

Que ces monarchies fassent le nécessaire. Qu’elles arment et forment des combattants. Les Occidentaux peuvent appuyer ce projet mais non pas figurer en première ligne.

 

Pourtant, la France envoie des armes « perfectionnées »

L’envoi d’armes soulage peut-être les consciences bouleversées par les images de décapitation. Mais pour ces quelques assassinats barbares, il ne faudrait pas provoquer un bain de sang. En outre, une arme passe aisément à l’ennemi. DAECH a pillé les dépôts militaires Irakiens. En Lybie, des armes fournies par les Occidentaux sont passées entre les mains de clans terroristes. Alors envoyer des armes dans un tel contexte, c’est jouer à la roulette russe.

 

Les Kurdes bénéficient donc de ces envois. Pourquoi eux, dont la principale organisation, le PKK est classée comme terroriste par les USA ? Parce que, dira-t-on, eux seuls luttent contre DAECH. Mais qui ne sait que le but des Kurdes est l’indépendance du Kurdistan qui s’étend sur quatre pays, de l’Iran à la Turquie en passant bien sûr par la Syrie et l’Irak. Le but des Kurdes n’est de lutter contre DAECH que dans la mesure où le Kurdistan est partiellement occupé. Demain, les Kurdes cesseront le combat si le Kurdistan est libéré. De ce point de vue, DAECH a tout intérêt à se cantonner aux zones non kurdes de Syrie et d’Irak.

 

A terme, outre l’hypothèque sur le devenir des armes, se posera inévitablement la question de l’indépendance kurde avec revendications territoriales, perçues nécessairement comme agressives. Aujourd’hui, l’Occident, en permettant aux kurdes de légitimer à bon compte leur indépendance, prépare de nouvelles guerres, de nouvelles misères et de nouvelles barbaries.

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